Après une première carrière dans les télécommunications, Yves Ullens décide de se consacrer à une passion qui l’habite depuis l’enfance : la photographie. C’est un flou accidentel, une photographie prise depuis un véhicule en mouvement, lors d’un voyage en Turquie, qui lui a révélé la voie à suivre : être artiste. Il a 40 ans, l’âge où tout peut basculer.
Parmi les grands axes de son travail, il y a le conscient et l’inconscient . En effet, au moment de la prise de vue, il passe de l’un à l’autre, d’une idée ou d’un objet à un geste non contrôlé, le corps pris dans une sorte de danse pendant laquelle il s’oublie et se laisse habiter par l’émotion. Il oublie également les règles qu’on lui a apprises et joue sur les interdits de la photographie : les bougés et les flous, proscrits par l’approche classique de la photo, sont l’essence même de son travail.
Sans ésotérisme ni superstition, il songe souvent aux expériences proches de la mort qu’il a vécues enfant. C’est pour cette raison qu’il aime dépasser les limites et chercher à capter la puissance vitale de la lumière et des couleurs , si changeantes autour de lui. Un état de plénitude qu’il cherche à saisir et révéler par des images chargées d’humanité, malgré l’absence de figuration.
Favoriser le positif et partager cet enthousiasme face à la vie avec les autres sont deux aspects essentiels pour lui. La vie est flux et mouvement permanent, mais aussi dépassement des limites et des acquis. Pourquoi Traqueur de Lumières ?
Traquer, de l’ancien français « trac », piste, c’est être à l’affût, vouloir s’emparer de quelque chose sans être un chasseur, plutôt un collecteur: « un chercheur et un expérimentateur des limites et des frontières, tourné vers le futur » .
Bien que privilégiant fort l’intuition et l’inconscient, son approche s’apparente à celle du chercheur empiriste agissant par tâtonnements constants pour traquer la nouveauté.
Christine De Naeyer